Investissements des grandes entreprises dans les Greentechs : les voyants sont au vert !
La prise de conscience de l'urgence climatique s'est renforcée ces dernières années. 85 % des entreprises du SBF 120 ont communiqué dans leur plan stratégique des engagements pour réduire leur empreinte carbone1. Pour atteindre cet objectif, elles misent à la fois sur leur transformation interne etsur la création d'alliances avec des partenaires innovants externes. Les startups à impact environnemental (greentechs) peuvent jouer un rôle clé dans cette stratégie et représentent une part croissante de leurs investissements, en direct ou via leurs fonds de Corporate Venture Capital (CVC). Quels impacts concrets ont ces investissements ? Comment les entreprises peuvent-elles maximiser leur engagement avec ces startups pour un impact durable ?
C’est l’objet de la troisième édition de l’étude BCG, RaiseLab et RAISE Sherpas, intitulée « Investissements des grandes entreprises dans les greentechs : un engagement durable ? ». Ces travaux s’appuient notamment sur une enquête menée auprès de 120 représentants de greentechs, CVC et équipes innovation ou M&A de grandes entreprises ainsi que des acteurs clés de l’écosystème.
Un écosystème de greentechs en pleine effervescence, à la recherche de financements
L’écosystème des greentechs en France est en pleine expansion, avec environ 2 7502 startups qui développent des technologies innovantes pour répondre aux enjeux environnementaux. Ces dernières se répartissent en plusieurs catégories avec en tête la protection des écosystèmes et la transition environnementale (30 %), les nouvelles énergies (20 %) ou encore l'industrie verte (18 %).
Ces greentechs font aujourd'hui face à un défi crucial : celui de leur financement. Pour plus de 90 % d'entre elles, sécuriser des fonds est une priorité absolue afin de financer leur passage à l’échelle. Un enjeu particulièrement prononcé pour les greentechs industrielles, dont le modèle de développement nécessite davantage de capital. L'acquisition de nouveaux clients arrive en seconde position (84 %).
Les greentechs françaises ont attiré plus d’investissements que jamais en 2023, captant un tiers des levées de fonds, malgré une diminution globale des flux d’investissements dans les startups en France, en Europe et dans le monde. La France est ainsi devenue le deuxième pays en termes de fonds levés par les greentechs en Europe, avec 3,1 milliards de dollars, derrière le Royaume-Uni (6 milliards de dollars). Preuve de cet intérêt, le nombre d'acquisitions de greentechs par les grandes entreprises a augmenté, représentant 16 % des acquisitions de startups en 2023 (+7 points de pourcentage par rapport à 2022).
« Les grandes entreprises se sont fixées des objectifs de réduction de leur empreinte portant non seulement sur leur cœur de métier mais également sur l'amont et l'aval de leur chaîne de valeur. Les greentechs ont un rôle clé à jouer pour les accompagner dans la transformation de l'écosystème » observe Olivier Sampieri, directeur associé senior au BCG.
L'ouverture de capital à une grande entreprise : un accélérateur pour les greentechs
Au-delà du financement, l’étude souligne que les greentechs tirent de nombreux avantages d'une prise de participation par une grande entreprise : accélération du passage à l’échelle (80 %), augmentation du chiffre d'affaires (78 %), accès à une expertise précieuse (78 %) ou encore l’acquisition de nouveaux clients (73 % et même 83 % pour les greentechs industrielles). A contrario, les principaux risques identifiés sont une perte d'agilité dans le fonctionnement pour plus de 50 % des startups et le risque de se couper d'une partie de leur marché (37 %). D'autres préoccupations incluent le risque de perte d'attractivité auprès des investisseurs (19 %), des talents (16 %) et une dégradation de l'image de marque (17 %).
« Pour les greentechs, ces rapprochements avec de grandes entreprises sont essentiels : ils garantissent des itérations produit et commerciales beaucoup plus fréquentes grâce à la proximité avec les problématiques terrains. Cela peut également apporter à ces startups une meilleure compréhension des enjeux et du fonctionnement des corporates » ajoute Anne-Sophie Gervais Co-Head de RAISE Sherpas.
Les greentechs : un levier pour accélérer l’agenda environnemental des grandes entreprises
Les grandes entreprises augmentent leurs investissements dans les greentechs pour accélérer leur agenda environnemental. La plupart s'appuient sur leurs structures de CVC, bien qu'elles prennent aussi des participations majoritaires directes ou investissent via des fonds à impact et les fonds de fonds gérés par des tiers. Aujourd’hui, les greentechs sont au cœur des thèses d’investissements de 90 % des CVC. Par ailleurs,
45 % des CVC ont plus de 30 % de greentechs dans leur portefeuille en 2024.
« Ces derniers temps, on constate une importante hausse du nombre de greentechs dans les dealflow des CVC. C’est une bonne chose. Cependant, cela ne s’accompagne pas encore d’une hausse significative du nombre d’investissements dans les greentechs, mais cela devrait arriver. Ensuite, le principal challenge reposera sur la création de valeur opérationnelle et business entre le portefeuille de startups et les grandes entreprises actionnaires », souligne Paul Jeannest, Co-fondateur et CEO de RaiseLab.
Les grandes entreprises cherchent à atteindre plusieurs objectifs en investissant dans les greentechs : accélération de l'innovation et de la R&D (88 %), développement de produits plus durables (83 %), réduction des émissions directes (72 %) et indirectes (61 %), diminution de la consommation de ressources (67 %) et protection de la biodiversité (55 %).
D’ici cinq ans, elles s'attendent à une forte augmentation des impacts environnementaux de leurs investissements dans les greentechs, avec 82 % des CVC prévoyant un impact important ou très important, contre 44 % aujourd'hui.
Comment accroître l'impact environnemental des investissements des grandes entreprises dans les greentechs ?
Pour maximiser l'impact environnemental des investissements dans les greentechs, les auteurs de l'étude proposent une série de bonnes pratiques :
• Aligner la stratégie d'investissement sur la stratégie environnementale de l’entreprise : prioriser les technologies environnementales à fort impact et s'adapter selon les retours d'expérience...
• Adapter le fonctionnement interne : renforcer les liens entre les équipes d'investissement et ESG, instaurer un sponsoring renforcé pour concrétiser les opportunités de collaboration...
• Travailler en écosystème : construire des coalitions et consortiums industriels pour investir ensemble, s'appuyer et contribuer aux travaux d'autres acteurs (académiques, acteurs publics ou privés, fonds d'investissement à impact.)
« Il faut parfois du temps pour aligner les intérêts respectifs des grandes entreprises et des greentechs, mais on observe de belles réussites. La transformation durable ne se fait pas en silo, mais au sein d'écosystèmes collaboratifs où chaque acteur joue un rôle pour accélérer la décarbonation » conclut Olivier Sampieri, directeur associé senior au BCG.
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Méthodologie :
Enquête menée sur la période avril-mai 2024 auprès de 120 fondateurs de greentechs et représentants de CVC. En parallèle, des entretiens ont été menés auprès de plus d’une vingtaine d’interlocuteurs (majoritairement des équipes CVC et M&A), des fondateurs de startups et des acteurs de l'écosystème (fonds spécialisés, banques d'affaires, association d'acteurs de l'écosystème) avec la collaboration du club CVC de France Invest. Les données sont issues de bases de données publiques (Bpifrance) et spécialisées (LSEG/ Dealroom).
Par convention, nous définissons :
• Une startup comme une jeune entreprise présentant un fort potentiel de croissance, utilisant des technologies nouvelles et ayant des forts besoins de financement, souvent assurés par des levées de fonds ;
• Une greentech comme une startup visant un impact direct ou indirect positif sur l'empreinte environnementale des entreprises ou des consommateurs finaux reposant sur une technologie innovante.